vendredi 16 mars 2007

LE NEZ, ORGANE QUANTIQUE

Le nez est plus sensible à la vibration des molécules odorantes qu’à leur forme.

C’est grâce aux fréquences des vibrations qu’elles émettent que les molécules qui viennent chatouiller nos narines sont identifiées à une odeur par notre cerveau, avancent des chercheurs anglais de l’University College (Londres). On pensait jusqu’à présent que ces molécules étaient reconnues par les récepteurs du nez grâce à leur forme en 3D, selon le modèle, bien connu en biologie, qui veut qu’une molécule « ouvre » une porte chimique, à la manière d’une clé ayant trouvé la bonne serrure, et déclenche une cascade d’évé-nements conduisant à son identification dans le cerveau. L’équipe de Marshall Stoneham explique que, en fait, la molécule odorante ouvre la porte comme une carte magnétique, en étant reconnue par sa vibration spécifique.

Pour détecter cette fréquence, un électron – émis par la muqueuse par exemple – est envoyé sur la molécule comme une sonde. S’il possède exactement l’énergie de vibration de l’odorant, il va traverser cette molécule pour atteindre le récepteur, lequel activera les neurones. Selon les calculs des chercheurs, ce processus de nature quantique est assez rapide et intense pour être compatible avec les conditions biologiques.

Leur résultat est d’autant plus intéressant qu’il pallie les défauts du modèle clé-serrure. Il explique, par exemple, que deux molécules de formes différentes puissent sentir pareil. Ou bien, qu’ajouter un simple carbone – sans changer la forme de la molécule– transforme une odeur de muguet en celle de bois de santal. Les exceptions au modèle classique sont si nombreuses que Charles Sell, chimiste spécialiste des fragrances, a avoué être incapable de prévoir les odeurs à partir de la forme des molécules. Un autre chercheur britannique, Luca Turin, trouve là enfin une base théorique solide à son idée controversée, exposée en 1996 (lire S. et A. n° 692, octobre 2004), et qui reposait déjà sur la vibration des molécules.

Aucun commentaire: