Témoignage d'un magistrat français :
lundi 8 mars 2010
BIG BROTHER DANS VOS POUBELLES
LONDRES - La guerre des ordures va-t-elle être déclarée en Grande-Bretagne? C'est en tous cas le dernier épisode en date de la société sous haute surveillance d'Outre-Manche: des puces électroniques installées dans les poubelles pour surveiller, voire taxer, les pratiques en matière de recyclage des citoyens.
Selon Big Brother Watch, une organisation de défense de la vie privée contre les intrusions des autorités, plus de 2,6 millions de ces puces auraient été installées, en toute discrétion. Il s'agirait d'une première étape en prévision de l'instauration de systèmes d'amendes pour les mauvais recycleurs, ceux qui jettent trop et mal...
Les «pro» estiment que c'est une manière d'inciter au recyclage. Mais les «anti» trouvent que l'affaire sent bien mauvais.
Big Brother Watch a découvert, via une série de réclamations dans le cadre de la loi sur le libre accès aux informations, que plusieurs conseils municipaux de Grande-Bretagne avaient installé ces puces électroniques dans les poubelles, mais sans les activer encore, se doutant bien que la mesure serait fort impopulaire.
«Ils attendent que le climat politique change avant de les utiliser», explique Dylan Sharpe, directeur de campagne chez Big Brother Watch, prédisant que les foyers produisant beaucoup de détritus seraient ensuite pénalisées.
«Flicage»
L'affaire des «micros dans les poubelles» vient se rajouter à un dispositif de «flicage» déjà écrasant en Grande-Bretagne, où les caméras de télésurveillance sont omniprésentes pour surveiller la population, dans les lieux publics et particulièrement les transports en commun.
«C'est encore un nouvel instrument du dispositif de surveillance qui vient empiéter sur notre vie quotidienne», dénonce M. Sharpe. «Avec ces informations, ils peuvent aussi savoir si nous sommes chez nous ou pas et l'information est enregistrée dans la base de données (des conseils municipaux, NDLR), qui n'est pas si sécurisée que cela».
Quant à d'éventuelles surtaxes pour trop plein d'ordures, estime Big Brother Watch, elles risqueraient de pénaliser les familles nombreuses et d'être à terme contre-productives, car susceptibles de pousser les usagers à brûler leurs ordures ou à les jeter illégalement, plutôt que d'avoir à payer plus cher.
Mais Gary Hopkins, élu local à Bristol, ne voit pas les choses du même œil. Pour lui, ces «puces de poubelle» seraient plutôt un instrument utile dans le cadre d'un programme innovant destiné à récompenser les efforts des bons gestionnaires de détritus, et pas l'inverse.
«C'est volontaire, pas obligatoire. La contrainte ne fonctionnerait pas. Nous avons convaincu les habitants de Bristol de participer à ce programme de recyclage. Et nous voulons inciter ceux qui n'en sont pas encore à s'y mettre aussi», explique-t-il.
Mais nombreux sont ceux qui s'inquiètent de voir se développer encore les projets gouvernementaux en matière de collecte de renseignements et de surveillance de la population.
«État-nounou»
La Grande-Bretagne possède déjà la plus importante base de données ADN au monde. Les responsables de l'antiterrorisme font pression pour pouvoir traquer toutes les communications, par courriel, SMS ou appel téléphonique.
Et il y a aussi ce que les Britanniques surnomment «l'État-nounou», une série d'initiatives utilisant la loi pour tenter de modifier les comportements sociaux: en janvier, le gouvernement a notamment interdit certaines promotions dans les bars pour tenter de faire baisser l'alcoolisme et finance la mise au point d'un verre à bière incassables, pour éviter que les bagarres d'ivrognes ne se terminent dans le sang à coups de verre brisé...
Selon l'étude de Big Brother Watch, l'installation des puces électroniques dans les poubelles a débuté il y a huit ans. Et le débat sur la légalité de surveiller les ordures des citoyens revient régulièrement depuis sur le devant de la scène.
En 2006, le ministre de l'Environnement de l'époque, Ben Bradshaw, avait évoqué l'idée d'une taxation au volume des détritus produits, estimant que la pratique populariserait le recyclage et réduirait la pression sur les décharges.
Son successeur David Miliband a fait lever l'interdiction pour les responsables locaux d'offrir des incitations financières pour leurs administrés pratiquant le recyclage, ouvrant ainsi la voie à l'activation des puces de surveillance des poubelles.
La nature de ces puces varie: certaines servent à évaluer le poids des ordures entassées dans le réceptacle. D'autres vérifient si la poubelle a été vidée, ou encore le lieu où elle se trouve.
Et si aucune de ces puces ne sert pour l'instant à la mise en œuvre d'un système d'ordures payées au poids, Big Brother Watch craint le pire pour l'avenir, notant que l'installation de ces mouchards des poubelles s'est accélérée au cours de l'année écoulée.
CANOE
Selon Big Brother Watch, une organisation de défense de la vie privée contre les intrusions des autorités, plus de 2,6 millions de ces puces auraient été installées, en toute discrétion. Il s'agirait d'une première étape en prévision de l'instauration de systèmes d'amendes pour les mauvais recycleurs, ceux qui jettent trop et mal...
Les «pro» estiment que c'est une manière d'inciter au recyclage. Mais les «anti» trouvent que l'affaire sent bien mauvais.
Big Brother Watch a découvert, via une série de réclamations dans le cadre de la loi sur le libre accès aux informations, que plusieurs conseils municipaux de Grande-Bretagne avaient installé ces puces électroniques dans les poubelles, mais sans les activer encore, se doutant bien que la mesure serait fort impopulaire.
«Ils attendent que le climat politique change avant de les utiliser», explique Dylan Sharpe, directeur de campagne chez Big Brother Watch, prédisant que les foyers produisant beaucoup de détritus seraient ensuite pénalisées.
«Flicage»
L'affaire des «micros dans les poubelles» vient se rajouter à un dispositif de «flicage» déjà écrasant en Grande-Bretagne, où les caméras de télésurveillance sont omniprésentes pour surveiller la population, dans les lieux publics et particulièrement les transports en commun.
«C'est encore un nouvel instrument du dispositif de surveillance qui vient empiéter sur notre vie quotidienne», dénonce M. Sharpe. «Avec ces informations, ils peuvent aussi savoir si nous sommes chez nous ou pas et l'information est enregistrée dans la base de données (des conseils municipaux, NDLR), qui n'est pas si sécurisée que cela».
Quant à d'éventuelles surtaxes pour trop plein d'ordures, estime Big Brother Watch, elles risqueraient de pénaliser les familles nombreuses et d'être à terme contre-productives, car susceptibles de pousser les usagers à brûler leurs ordures ou à les jeter illégalement, plutôt que d'avoir à payer plus cher.
Mais Gary Hopkins, élu local à Bristol, ne voit pas les choses du même œil. Pour lui, ces «puces de poubelle» seraient plutôt un instrument utile dans le cadre d'un programme innovant destiné à récompenser les efforts des bons gestionnaires de détritus, et pas l'inverse.
«C'est volontaire, pas obligatoire. La contrainte ne fonctionnerait pas. Nous avons convaincu les habitants de Bristol de participer à ce programme de recyclage. Et nous voulons inciter ceux qui n'en sont pas encore à s'y mettre aussi», explique-t-il.
Mais nombreux sont ceux qui s'inquiètent de voir se développer encore les projets gouvernementaux en matière de collecte de renseignements et de surveillance de la population.
«État-nounou»
La Grande-Bretagne possède déjà la plus importante base de données ADN au monde. Les responsables de l'antiterrorisme font pression pour pouvoir traquer toutes les communications, par courriel, SMS ou appel téléphonique.
Et il y a aussi ce que les Britanniques surnomment «l'État-nounou», une série d'initiatives utilisant la loi pour tenter de modifier les comportements sociaux: en janvier, le gouvernement a notamment interdit certaines promotions dans les bars pour tenter de faire baisser l'alcoolisme et finance la mise au point d'un verre à bière incassables, pour éviter que les bagarres d'ivrognes ne se terminent dans le sang à coups de verre brisé...
Selon l'étude de Big Brother Watch, l'installation des puces électroniques dans les poubelles a débuté il y a huit ans. Et le débat sur la légalité de surveiller les ordures des citoyens revient régulièrement depuis sur le devant de la scène.
En 2006, le ministre de l'Environnement de l'époque, Ben Bradshaw, avait évoqué l'idée d'une taxation au volume des détritus produits, estimant que la pratique populariserait le recyclage et réduirait la pression sur les décharges.
Son successeur David Miliband a fait lever l'interdiction pour les responsables locaux d'offrir des incitations financières pour leurs administrés pratiquant le recyclage, ouvrant ainsi la voie à l'activation des puces de surveillance des poubelles.
La nature de ces puces varie: certaines servent à évaluer le poids des ordures entassées dans le réceptacle. D'autres vérifient si la poubelle a été vidée, ou encore le lieu où elle se trouve.
Et si aucune de ces puces ne sert pour l'instant à la mise en œuvre d'un système d'ordures payées au poids, Big Brother Watch craint le pire pour l'avenir, notant que l'installation de ces mouchards des poubelles s'est accélérée au cours de l'année écoulée.
CANOE
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