samedi 23 avril 2011

POURQUOI L'IPOD ABÎME LE CERVEAU

Sébastien Bohler
Écouter régulièrement de la musique avec des écouteurs intra-auriculaires détruit des connexions cérébrales et diminue la capacité du cerveau à isoler les sons de leur environnement.

Aujourd'hui, des millions de personnes, surtout des adolescents et de jeunes adultes, écoutent de la musique au moyen d'écouteurs intra-auriculaires, souvent à des intensités élevées pour masquer le bruit ambiant des transports ou de l'environnement. Cette pratique serait plus néfaste qu'on ne le supposait : une expérience réalisée à Münster en Allemagne et à Okazaki au Japon montre que ce type d'écoute diminue, sans doute de façon irréversible, la qualité de perception des sons.

L'effet étudié par Hidehiko Okamoto et ses collègues se nomme « élargissement de l'accordage de fréquence ». Il peut être perçu comme un émoussement des capacités auditives. Initialement, le cerveau est « acéré », c'est-à-dire qu'il distingue bien un son d'un bruit. Expérimentalement, on le constate en faisant écouter à des sujets un son de fréquence donnée, puis, immédiatement après, un bruit composé d'une multitude de fréquences à l'exception de celle précédemment diffusée.

Dans pareil cas, le cerveau inhibe automatiquement la perception du bruit qui suit le son pur, ce qui est le fondement de la discrimination auditive, laquelle permet de détacher un son de l'ambiance sonore. Or, chez les personnes testées, âgées de 23 ans en moyenne et écoutant deux heures de musique par jour depuis au moins deux ans, cette capacité est en partie perdue. Le cerveau extrait moins bien un son particulier du bruit de fond.

La cause réside probablement dans les circuits neuronaux du cortex auditif responsable de la perception des sons. Chaque fréquence auditive y est analysée par un groupe spécifique de neurones. En outre, les neurones percevant une fréquence donnée sont reliés à leurs voisins (lesquels sont sensibles à la fréquence contiguë) par des connexions horizontales inhibitrices. Les neurones activés diminuent l'activité de leurs voisins : le son se détache alors du fond sonore. Or la stimulation répétée du système auditif par des intensités sonores excessives détruit une partie de ces connexions inhibitrices. Cela expliquerait la perte de discrimination auditive.

Au moment où le cerveau perd sa capacité de discrimination auditive, la baisse de la sensibilité auditive n'apparaît pas encore. Ainsi, dans un test de perception auditive, où l'on mesure le seuil de perception de l'intensité sonore, le trouble peut passer inaperçu. C'est plus tard qu'il se manifestera, soit par des acouphènes (des émissions sonores spontanées, sans cause extérieure, et dont on sait qu'elles résultent de lésions des connexions horizontales inhibitrices), soit par une perte de capacité auditive en milieu complexe.

Cela peut se manifester par une mauvaise compréhension d'une conversation particulière dans un environnement bruyant, des difficultés de concentration ou encore une moindre réactivité en cas de danger. Ainsi, cet individu n'entendra pas qu'on lui crie qu'un véhicule va le percuter alors qu'il traverse sans faire attention. Et ce, même s'il a retiré son Ipod pour traverser.
pour la science

2 commentaires:

Anonyme a dit...

^^ le titre accrocheur.
Sinon tres bon article.

Est ce que cela est valable pour les casques audio ?



Abra.

Réveil du monde a dit...

@Abra,

Personnellement, j'aimerais vraiment les sources de l'article cité.

Dans mon cas c'est l'inverse, de me mettre des écouteurs "intra" dans les oreilles, depuis presque 5 ans (et les premiers modèles très chers) ça m'as fait plus écouter les environnements ambiants dans mon activité.
Puisque je ne les entendais plus, je fessait plus attention.

Désormais lorsque je me retrouve en pleine nuit dans les bois (le matin), à faire mon jogging, je peux entendre des sons que je n'apercevais pas avant, comme un lézard au loin qui ébruite des feuilles ou juste un oiseau sur une branche à une centaine de mètres. Et sans les 'bouchons', et en 'claquant' les oreilles en les redressant, même plus loin.

Alors, désinformation, ou information ?
En y allant progressivement, ça peut être bon.

Mais notre patrimoine génétique est tellement large, que notre corps à des usages dont l'on ignore l'existence.

Mais d'expérience, à part dans la peur, Abra, cet article veux vous conditionner.

Libérez-vous !