Des passeports biométriques qui sentent le soufre
Le diable sème la pagaille en Roumanie. Le Malin s’est invité dans les nouveaux passeports biométriques, qui portent – horreur ! – le nombre 666. Ce triple 6, symbole de la bête dans l’Apocalypse de saint Jean, a semé la panique chez les ultraorthodoxes. Ils accusent l’Etat d’obliger les Roumains à porter en tous lieux la marque de Satan, qu’ils aillent skier en Autriche, travailler en Italie ou étudier aux Etats-Unis. L’émotion est à son comble : les manifestations anti-666 se multiplient devant le Sénat et le siège de l’Eglise, et le débat a gagné l’arène politique. Les sénateurs n’excluent pas de retirer le nombre fatidique. “Nous ne pouvons pas ne pas croire aux chiffres”, a décrété le ministre des Finances, Varujan Vosganian. L’Eglise a tenté de calmer les esprits, en affirmant que le 666 figurant sur la puce électronique n’avait “aucune signification théologique” et que ses dignitaires se feraient faire des passeports biométriques, pour l’exemple. Le patriarcat a toutefois souligné que tout un chacun était libre d’accepter ou non ces nouveaux documents. Du pain bénit pour les terroristes, qui n’auront qu’à invoquer leur foi pour passer librement la frontière, estime Revista 22. D’ici à ce qu’on impute aux forces maléfiques la ruine du système de santé et la dilapidation de l’argent pour les autoroutes (toujours en construction au bout de vingt ans), il n’y a qu’un pas, estime l’hebdomadaire. A dire vrai, note le journaliste Razvan Braielanu, cette affaire n’est pas nouvelle. Les ultraorthodoxes ont déjà mené bataille contre les codes-barres porteurs du chiffre honni. En pure perte. Vaincus, les prophètes de l’Apocalypse ont repris le chemin satanique des supermarchés.
► Courrier International
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