mardi 11 septembre 2007

DES CATASTROPHES POUR PRIVATISER

Les gouvernements sautent sur la première catastrophe venue pour dérouler le tapis rouge aux grandes entreprises amies et pour leur permettre de passer à la caisse. Telle est la thèse centrale du dernier ouvrage de Naomi Klein, porte-étendard de la gauche, qui illustre notamment la chose par les lendemains du 11 septembre.

«L'Irak contemporain est l'aboutissement de 50 ans de croisade pour privatiser le monde», écrit-elle dans The Shock Doctrine.

Les journaux occidentaux ont certes déjà largement évoqué les parts qu'a longtemps conservées le vice-président Dick Cheney dans Halliburton et beaucoup d'encre a coulé sur le fait que John Ashcroft, le solliciteur général derrière le Patriot Act, dirige aujourd'hui une firme qui aide les entreprises à décrocher des contrats fédéraux liés à la sécurité. «Sans aucun débat public ou décision politique formelle, les investisseurs sont devenus de façon virtuelle le quatrième niveau de gouvernement», écrivait le New York Time en février 2007, en une citation reprise par Klein.

The Shock Doctrine se veut donc la chronique des six dernières années passées, aux États-Unis, à surfer sur le choc collectif. Et encore, le gouvernement Bush n'est pas le seul à exploiter la grosse misère noire.

L'Asie d'après le tsunami a usé de la même stratégie, écrit Naomi Klein. Le raz de marée se sera chargé lui-même de faire ce que le gouvernement srilankais, notamment, ne parvenait pas autrement à faire jusque-là: raser les petites maisons des citoyens pour mieux planter sur les plages, partout, les plus luxueux hôtels.

Parfois, il s'agit d'une catastrophe non annoncée: des avions qui foncent dans des tours jumelles, un tsunami. D'autres fois, dit Naomi Klein, il s'agit de chaos amplifiés de toutes pièces pour mieux faire table rase d'un pays et mieux imposer sa loi, comme ça a été le cas dans le Chili de Pinochet ou la Chine de 1989, après le massacre de la place Tienanmen.

Mais alors, si tout cela est si savamment planifié, comment expliquer le marasme irakien dans lequel les États-Unis s'enlisent? Face à cette objection qui ne saurait se faire attendre, Naomi Klein prévient les coups et répond que l'essentiel a été réalisé: les amis du régime se sont enrichis.

««The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism, Naomi Klein
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