Du gène à la partition, il n’y a que quelques pas, franchis par deux chercheurs américains, mélomanes et biologistes, qui ont mis des séquences génétiques en musique.Les titres des partitions sont atypiques : Horse hemoglobin alpha, Huntingtin, ou encore Cytochrome c subunit V… La musique, elle, est plus proche de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Des séquences musicales un peu répétitives qui donne une idée de la structure des protéines à partir desquelles elles sont construites. Rie Takahashi, microbiologiste à l’Université de Californie (UCLA), a conjugué sa pratique musicale et ses connaissances scientifiques pour mettre en musique l’écriture des protéines.
Les notes inscrites sur la portée traduisent la position des acides aminés composant les protéines. Cependant, de précédentes tentatives de mise en musique avaient donné des résultats difficiles à écouter pour une oreille non initiée à la création contemporaine. Transformer les 20 acides aminés en 20 notes créent en effet des écarts de tons audacieux. Pour y remédier, Rie Takahashi et son collègue Jeffrey Miller n’utilisent que 13 notes, réparties sur deux octaves, et expriment les acides aminés sous forme d’accord de trois notes.
Pour donner du rythme à la mélodie, les deux artistes-chercheurs ont assigné une durée aux accords en fonction de la fréquence du codon des acides aminés. Le codon est un triplet de trois nucléotides qui détermine la façon dont les acides aminés sont ajoutés pour former une protéine. La méthode est détaillée dans un article publié par la revue Genome Biology.
Takahashi et Miller ont mis en ligne, sur le site de leur projet Gene2music, quelques exemples de protéines mises en musique (
écouter). Ils proposent même, à partir des algorithmes mis au point par leur collègue Frank Pettit, de transcrire n’importe quelle séquence génétique en musique.
Takahashi espère que cette musique des gènes aidera le grand public à mieux comprendre le langage de la génétique. Elle-même prépare un concert de piano basé sur cette musique des protéines.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com